L’anévrisme de l’aorte abdominale : une maladie du tabagisme ? - 28/02/20
Résumé |
Le tabagisme est le facteur de risque le plus fortement associé à la survenue d’un anévrisme de l’aorte abdominale (AAA) [RR : 4,87 ; IC95% : 3,93–6,02 - méta-analyse de Aune D et al., 2018], devant l’âge, les antécédents familiaux d’AAA et les autres facteurs de risque cardiovasculaires. La relation entre AAA et intensité et durée du tabagisme n’est pas linéaire, avec un impact déjà important pour une faible consommation, y compris pour une exposition à un tabagisme passif. En France, le taux de patients hospitalisés pour AAA non rompus a diminué entre 2002 et 2013 à l’exception d’une augmentation de 1 % par an pour les femmes de 55 à 64 ans, évolution liée à l’évolution du tabagisme chez les femmes dans cette tranche d’âge. La relation mécanistique entre AAA et tabagisme, bien qu’incomplètement élucidée, semble impliquer une raréfaction des cellules musculaires lisses par apoptose, une activation anormale des enzymes protéolytiques avec perte de matrice extracellulaire, ainsi qu’une activation de l’inflammation et des systèmes immunitaires. Chez les patients sevrés, le risque de survenue d’un AAA décroît significativement [RR : 2,10 ; IC95% : 1,76–2,50], de façon progressive et linéaire, mais avec un risque ne devenant équivalent à celui des sujets n’ayant jamais fumé qu’après 25 ans d’arrêt. Cette notion augmente l’intérêt d’un dépistage opportuniste chez les fumeurs, le diagnostic d’AAA à un stade précoce, même en l’absence de critères en faveur d’un traitement interventionnel, renforçant l’impératif d’un sevrage qui se doit d’être engagé le plus tôt possible. Ceci doit permettre de diminuer au maximum l’hypothèque évolutive de l’AAA cumulée avec la durée d’exposition au tabagisme. Les différents traitements testés pour limiter l’évolution et les complications des AAA ayant fait la preuve de leur inefficacité ou de leurs limites et le tabagisme étant le facteur le plus puissant de survenue, de progression et de rupture d’AAA, le sevrage tabagique est une priorité et certainement la meilleure démarche de prévention, même s’il n’y a pas évidemment d’essai randomisé sur ce sujet. L’enjeu doit être clairement et fortement annoncé au patient, mais il est impératif également d’augmenter les chances de succès par la prescription d’un traitement d’aide au sevrage le mieux adapté et un suivi tabacologique.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Anévrisme de l’aorte abdominale, Tabagisme
Plan
Vol 45 - N° S
P. S18 - mars 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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